Les ruisseaux murmurent, les grands arbres s’exclament et même les tartes aux pommes tout juste sorties du four crépitent des mots doux…!

Quand les lieux, les animaux, les choses parlent dans leur langage muet que l’on perçoit pourtant si fort, il n’y a qu’une seule chose à faire : tenter de traduire leur beauté avec nos pauvres mots d’êtres humains…

 

 

 

 

 

 

Un matin d’été
L’Yonne endormie m’a soufflé
Un peu de sa tranquillité

 

Éclatant dans la verdure de printemps, l’or enjolive, l’orange aux lèvres fragiles, qui frémit sous le vent caressant.

 

Un couple au bord de l’eau
Attend le retour aux palmes
Suite à une prise de bec…

 

Entouré mais seul.

 

 

Merci à toi qui as ensoleillé ma journée.
Toi, l’automobiliste qui m’as laissé traverser avec un geste de la main et un sourire.
Toi, l’ami disparu qui ressurgis du passé, les croissants à la main.

Toi, la boulangère qui offres des gentillesses aussi magiques que tes baguettes.
Toi, l’enfant qui m’as lancé  » Bonjour madame ! » entre tes dents pleines de trous.
Toi, l »internaute du bout du monde, plus proche de moi que la voisine d’en face !
Toi, en somme.

 

J’ai secoué la boule en verre et les maisons ont virevolté, tourbillonné, se sont égaillées dans le bleu printanier. Finalement, elles sont retombées par hasard, bras dessus bras dessous comme de vieilles amies…

 

Un matin d’avril,
Nager dans le jaune et voir rouge,
Des fleurs blanches par dessus la tête,
Et la vie paraît facile !

 

                                                                                 Fascinante
                                                                                 Luxuriante
                                                                                 Éclatante
                                                                                 Une étoile
                                                                                 Rose et mauve

 

 

 

 

 

14 février.
Il paraît que c’est la fête des amoureux…
Et tous ces couples qui se boudent et se dessoudent,
Qui discutent puis se disputent,
Qui se chamaillent, qui se raillent,
Qui se fritent, qui s’effritent,
Qui doutent et se redoutent,
Qui s’effacent, qui s’espacent,
Qui s’émoussent et se repoussent,
Qui se séparent, qui se bagarrent,
Qui s’éloignent, qui s’empoignent,
Qui se divisent puis se méprisent,
Qui n’aiment plus, qui ont tout fondu…?

La nature pleure. Ses larmes se figent.

 

Un soir dans l’Yonne,
un cygne sans consigne
déambulait, monotone.

Un soir dans l’Yonne,
un solitaire palmipède,
comptait les pas qui résonnent.

Un soir dans l’Yonne,
il n’avait pas à compter bien loin.
A partir de 18h, il n’y a plus d’humains!

 

 

Elle brille sous le soleil, elle croustille sous la dent.

Parfois, elle laisse un arrière-goût bizarre dans la bouche.

Elle peut être délicieuse ou détestable, savoureuse ou immangeable, fondante ou dure comme de la pierre.

C’est…la vie !

 

                                                       Elle s’impose, elle s’expose, l’église villeneuvienne.

                                                       Elle m’a donné du silence, contre quelques pas qui résonnaient.

 

 

 

 

 

 

Le jour où chacun de mes mots retombera comme une hirondelle visée par un chasseur,

Le jour où les murs ne suffiront plus à calmer mes tempêtes de cerveau,

Le jour où plus rien ni personne ne fera frissonner mon cœur,

Alors, ce jour-là, j’irai m’installer là-bas, parmi les hirondelles, au milieu des tempêtes et sans le cœur de personne.

Pauvre petite chose

A l’abri sous une

Peau de feuille,

Illusoire déguisement.

Libère-toi de ta peur et

Laisse-toi mourir dignement,

Ouvrant tout grand tes ailes abîmées.

Nul n’échappe à sa destinée !                                                

   Version anglaise :

Basking in the sunlight, disguised as a leaf,

Useless protection, you poor thing

Totally try to resist,

Terribly fail to.

Enough

Roaming amid the winter!

Fly towards your destiny.

Life is too short:

You know that as well as me.

Pour la petite histoire, la version anglaise a été écrite pour impressionner un économiste britannique.

Résultat : le poème s’est écroulé dans la corbeille à papier comme un papillon mort et l’économiste s’est envolé !

 

30 janvier 2021 (je date car j’espère que l’on pourra en rire dans quelques mois !)

Les nombres et les pierres

A l’époque, près de 7 milliards d’humains vivaient sur la Terre, grosse boule de 12 742 kilomètres de diamètre. Un virus est arrivé, tout petit, une minuscule boule de 125 milliardièmes de mètre.

On a dit aux gens :
 » Ne faites pas de repas de famille à plus de 6 personnes ! » ;
 » Ne vous approchez pas les uns des autres à moins d’1,5 mètres ! Heu…finalement non : 2 mètres ! » ;
 » Aérez les pièces de votre maison toutes les 60 minutes ! » ;
 » N’achetez pas plus de 2 boîtes d’antalgiques par personne ! » ;
 » Frottez vos mains avec du savon pendant 120 secondes au moins, et passez bien entre vos doigts ! » ;
 » Ne sortez pas après 18 heures ! ».

Dans un pays qu’on appelait France, certains ont même suggéré :
 » Ne parlez plus dans les transports en commun ! »

Alors, les gens ont cessé de se regrouper, de s’entremêler, de s’enlacer, de s’embrasser. Ils ont cessé de hurler, de crier, de s’exclamer, de bavarder, de chuchoter et même de murmurer.
Ils sont restés chez eux, tout seuls, à attendre que le virus de 125 milliardièmes de mètre veuille bien s’en aller.


1 confinement, 2 confinements, 3 confinements…
Plus de théâtre, de films ni de restaurants…
Des masques sur les jeunes, les vieux et les enfants…
On ne voit plus de gens, simplement des écrans…
Alors, les êtres humains sont devenus des pierres, de gros rochers immobiles, érodés par le temps et le vent.
Mais, au sein de leur carapace minérale, leur cœur d’humain bat toujours :
BOUM BOUM, BOUM BOUM…
Un cœur de pierre.

 

Ciel de neige,
Flocons absents,
L’âme en beige,
Souffles glaçants.